Projet de la 6CG - Culture Générale

Rainer Maria Rilke écrit, en 1915, à un ami au front « …le fait que de si grandes choses se manifestent et durent peut-il le moins du monde atténuer la souffrance de constater qu’il a fallu ce désordre, ce désarroi profond, tout ce bruit et le trouble de ce destin provoqué, qu’il a fallu très précisément cette pure abomination pour produire, par la force, des preuves de cœur, de dévouement et de grandeur ? Alors que nous, les arts, le théâtre, nous sommes montrés incapables de rien produire, de rien mûrir, chez ces mêmes êtres, incapables d’en transformer aucun. Notre métier a-t-il un autre but que de susciter, sous une forme pure, grande et libre, des occasions de transmutation ; l’avons-nous donc si mal fait, si à moitié, de façon si peu convaincue et convaincante ? Voilà ce qui est souffrance, question, depuis bientôt un an, et devoir : de le faire plus intensément, plus implacablement. Comment ? »

Au-delà du contexte historique spécifique de cette citation, elle me semble néanmoins recouvrir une question fondamentale : la place et l’influence de la culture dans la construction de l’individu et par extension, les modalités de sa présence nécessaire dans l’éducation scolaire afin de permettre à l’élève de s’instruire, de se déprendre de lui-même et de s’extraire de l’ignorance ou du conformisme.
L’enjeu de ce projet n’est pas évidemment d’apporter une réponse toute faite mais de maintenir la question du comment ouverte, de refuser, comme seul devoir, ce sentiment d’échec et de susciter, par la confrontation directe à des œuvres de culture, précisément « des occasions de transmutation. »

Ce projet pédagogique s’articule dans une relation étroite avec une diversité de manifestations culturelles (expositions rétrospectives d’artistes de la modernité et/ou contemporains, projections cinématographiques, pièces de théâtre, spectacles de danse, visites de musées ou de lieux historiques). L’exploitation pédagogique, au sens large, s’appuie essentiellement sur la confrontation physique de l’élève avec l’objet culturel. Autrement dit, l’expérience sensible de l’élève est un préalable à l’élaboration de dispositifs pédagogiques relatifs au programme de sixième. En effet, il revient à chaque professeur, au plan didactique, de construire une séquence qui tient compte à la fois des éléments constitutifs de l’œuvre de culture en question mais aussi de son inscription dans le programme des matières enseignées en classe de sixième. La finalité de ce projet pédagogique repose sur la dimension pluridisciplinaire et universelle de la culture, considérée avant tout comme le lieu privilégié de la construction des savoirs communs et de la diversité apprentissages.